lundi 18 mars 2013

L’inimaginable est probable, les guignols de la "science"

Le Canard Enchaîné – 13/03/2013 – J.-L. P.
  Mais au cas où... on ne sait jamais
  A Fukushima, tandis que 2 ans après, on compte 160 000 réfugiés, que 3 000 ouvriers en équipes tournantes à cause de la très haute radioactivité ambiante travaillent sur le site, désormais au cœur d’une zone interdite de 20 km de rayon, -trop court-, qu’ils continuent de refroidir en permanence les quatre réacteurs sinistrés, que des hommes sont en train d’édifier un très complexe jeu de Lego en béton pour sécuriser la piscine du réacteur 4 juchée à 30 mètres au fond de laquelle reposent 1 535 barres de combustible, que les experts avouent qu’il faudra au moins 40 ans pour sécuriser le tout et que seuls 2 réacteurs sur 50 fonctionnent actuellement au Japon…
.. en France, on essaie de tirer les leçons; la principale, c’est qu’il serait mieux de se préparer à un Fukushima bis ! En février l'Institut de Radioprotection et de Sûreté Nucléaire a évalué sa facture à 430 milliards d’euros et 100 000 personnes déplacées. Bof.. Mais voilà que le week-end dernier, le "JDD" publiait une autre estimation de 2007 -restée secrète- du même institut. La facture s’élèverait à 3 500 milliards, il faudrait évacuer 5 millions de personnes, les zones contaminées couvriraient 850 000 km2 -l’équivalent de la France et de l’Allemagne-, 90 millions de personnes seraient touchées… ?!?
Les scientifiques sont des guignols? Autant dire qu'ils n'en savent rien, pas plus que "nous". Depuis grand numéro de contorsionniste. L’IRSN reconnait avoir signé l'étude mais précise qu’il s’agissait juste d’une "analyse de sensibilité des conséquences économiques"?!? Et l’économiste d’expliquer avoir utilisé à l’époque "un code rudimentaire ne prévoyant qu’une seule météo" (sic) ?! Ça c'est du scientifique!
Leur patron intime pourtant aux responsables du nucléaire l’ardente obligation d’imaginer l’inimaginable et la ministre de l’écologie, Delphine Batho, vient de lui emboîter le pas en affirmant que "la meilleure sécurité c’est d’envisager l’inenvisageable". Mais cet épisode croquignolet le démontre : en matière de nucléaire, dès qu’on essaie d’imaginer l’inimaginable, on est tellement saisi d’effroi qu'on se contente d’imaginer l’imaginable, c’est plus rassurant.


Burki