mardi 5 avril 2011

Le corium qui descend... Jusqu'où ?


Alors que les gros légumes nucléolâtres (lien au sujet du rôle de l'OMS totalement réduite à celui d'écho de l'AIES quant aux chiffres -pollution, victimes)... les gros légumes donc minimisent encore et toujours l'accident de Fukushima, le corium,  lui, suit son petit bonhomme de chemin ; après avoir traversé l’acier du réacteur, il est en train d’attaquer le béton. Est-ce le fameux syndrome chinois évoqué pour la première fois par le physicien Ralph Lapp en 1971, se basant sur les rapports de W.K. Ergen ? lien

Mais qu'est ce que le "syndrome chinois" devenu ici, comme par une curieuse prémonition, le "syndrome japonais" ? C’est un scénario-catastrophe qui a été  mis en scène dans le film éponyme avec Jane Fonda sorti peu avant l’accident de Tree Miles Island : les éléments en fusion du cœur d'un réacteur nucléaire transformés en "corium" (sorte de magma dont la température atteint 2000 à 3000°) après avoir percé l’acier de la cuve du réacteur, traversent le béton et s’enfoncent dans la terre sans qu’on ne sache où ils s’arrêteront en détruisant tout sur leur passage. lien 

Le corium* est fait d’uranium et de plutonium fondus et de tout ce qu’il arrache et dissout sur son passage ; inexorablement, profitant des fissures du béton, il s’enfoncerait dans le sol en direction du cœur de la terre lien. L’IRSN s’efforce d’évaluer jusqu’où il pourrait descendre. Thierry Charles (spécialiste des questions de criticité) a précisé hier que le cœur du réacteur a fondu ainsi que le fond de la cuve : le corium se trouve sur le béton du bas de l’enceinte… le grignote et de fait, l’équipe s’efforce d’évaluer "jusqu’où il pourrait plonger". Note : on peut s'étonner qu'un spécialiste des questions de criticité ne soit pas davantage au fait d'un phénomène annoncé depuis 71 qui apparemment n'a jamais été modélisé ! 
 
Selon Monique Sené, physicienne (groupement des scientifiques pour l’information sur l’énergie nucléaire) "c’est une question de jour, au mieux de semaines, le cœur en fusion du réacteur 3, qui, selon toute vraisemblance a déjà percé la cuve en acier, va commencer à ronger le béton de l’enceinte de confinement" "le Point" n°2011/page 74. Un responsable de Tepco à déclaré qu’il "est possible que la cuve contenant les barres de combustible dans le réacteur 3 soit endommagée." Les 7 000 tonnes d’eau déversées depuis des jours par les courageux pompiers japonais ont certes dans un premier temps ralenti sa progression mais le feu nucléaire est là, tapi dans le fond, à preuve les traces de plutonium découvertes à l’extérieur ! A Fukushima, la bataille pour sauver les 4 réacteurs est perdue (lien). Tchernobyl ? Non, pire lorsqu’on voit ce qui se prépare. lien 

Car dans le 3, nous sommes face à 94 tonnes d’uranium et de plutonium ( !) qui lorsque le corium aura quitté la cuve, vont fatalement rencontrer à un moment ou à un autre, une grande quantité d’eau dans cette zone en bord de mer. (Dans une nappe d’eau située à 15 mètres sous la centrale nucléaire (!) on a déjà trouvé une forte condensation d’iode radioactif 131. lien) A Tchernobyl, on avait envoyé à une mort certaine des centaines de mineurs creuser une galerie sous la dalle du réacteur pour couler une autre couche de béton. "Si le combustible trouve sur sa route une grosse quantité d’eau de mer (…) on risque une explosion de vapeur (…) cette situation n’a jamais été scientifiquement envisagée. On ne sait pas ce qui se passe en cas de fusion du cœur" (Thierry Charles). 

 En ce qui concerne Fukushima, il semble trop tard pour mener pareille opération, et depuis Tchernobyl, peu acceptent de risquer leur vie dans ce genre d’opération. La rupture de la cuve du réacteur pourrait alors déclencher une réaction en chaîne catastrophique lien

Quant au 2, une grosse fissure d’une vingtaine de centimètre de large à été découverte sur une structure et l’eau radioactive s’échappe directement dans la mer. TEPCO à déclaré que "le 1er avril, vers 9h30, les ouvriers ont découvert que de l’eau d’une radioactivité de 1 000 mSv/h s’écoulait dans la mer par cette fissure" lien  Le président de l’ASN (Lacoste) confirme que la pollution radioactive s’étend bien au-delà des 100 km autour du site (lien) mais les autorités n’entendent toujours pas élargir la zone d’exclusion, fixée à 20 km! lien Sur cette image (tirée du blog H Larrivé) on voit que l’élargissement de la zone pourrait concerner l’évacuation de près de 47 millions d’habitants d’autant que l’autre centrale, celle de Daini, à 10 km de Daiichi semble connaître quelques problèmes à son tour lien



Même si l’IRSN en France affirme que les quantités de radioactivité présentes dans l’air sont infimes, il ne faut pas oublier que ce "nuage" ne passe pas au dessus de nos têtes une seule fois mais en continu tant que les réacteurs japonais continuent de relâcher leur pollution lien

Pour voir le résultat des balises IRSN, c’est.

La CRIIRAD rappelle que les balises de l’IRSN ne sont pas assez performantes pour mesurer précisément toute la radioactivité (et surtout les particules) mais qu'il existe une soixantaine de balises positionnées à plusieurs endroits de la planète plus efficaces… dont les résultats restent confidentiels malgré ses demandes réitérées de les rendre publiques; elle vient de lancer une pétition pour obtenir gain de cause lien. De plus, la pluie ces derniers jours à plaqué les particules au sol ; cette pollution s’accumule dans les plantes, notamment les feuillues et pourrait atteindre et dépasser la norme lien. Pour mémoire, ce lien sur les normes fixées par la commission européenne qu’il ne faut pas dépasser (viande ou légumes). Mais rappelons que la norme n’empêche  pas le danger.

Corine Castanier, directrice de la CRIIRAD s’étonne également que les pilules d’iode n’aient pas été distribuées dans un rayon de 100 à 150 km autour de la centrale lien

Si la distance de Tchernobyl à Paris est de 2000 km et non de 9 500 km comme avec Fukushima, il n’y avait qu’un seul réacteur en Ukraine contre 10 au Japon... et surtout, dans le 3, du plutonium, beaucoup plus préoccupant que le césium de Tchernobyl. lien


En France 1 107 incidents nucléaires on été comptabilisés en 2010 un moratoire, refusé par Nicolas Sarkozi, serait demandé par l’ASN en ce qui concerne l’EPR de Flamanville (lien), l’Allemagne, la Suisse, et le Conseil régional de Franche Comté ayant demandé l’arrêt immédiat de Fessenheim. lien Denis Baupin, maire adjoint de Paris accuse Nicolas Sarközi d’aveuglement scientiste. lien Une pétition pour la fermeture immédiate de Fessenheim est lancée sur ce lien. Angela Merckel s’est définitivement prononcé pour sortir l’Allemagne du nucléaire. lien Les Suisses exigent la fermeture de la centrale allemande Beznau 1 et pourraient obtenir gain de cause. lien L’Espagne, pour sa part, a définitivement tourné la page du nucléaire puisque pour la première fois l’ensemble des énergies renouvelables ont fourni 42,2% de l’énergie consommée. lien L’Afrique emboîte le pas au mouvement, en annulant une commande de centrale atomique flottante ( !) lien La Suisse à mis ses centrales à l’examen et les résultats des rapports remis à l’inspection de la sécurité nucléaire seront communiqués début mai lien Quant à l’opération « Tchernobyl day », lancée le 2 avril, jusqu’au 26 avril, il est probable qu’elle sera couronnée de succès lien
Nul ne sait ce qui nous attend demain.

D'après  http://cabanel.7duquebec.com/?p=210#comment-99

* Le mot vient de cœur (du réacteur) et le suffixe ium  provient des matières qui se créent (plutonium, uranium, américium...)

1 commentaire:

  1. Si les "fumées" de Fukushima passent et repassent au dessus de nos têtes, elles ne constituent qu'une goutte d'eau au milieu des nuages radioactifs générés par les 525 ( au minimum) explosions atomiques militaires en plein air que les Américains, Russes, Anglais, Français et Chinois ont effectuées. La plus importante, la Tsar Bomba équivalait à 3000 Hiroshima .
    Sans parler des explosions souterraines inétanches, encore plus nombreuses !
    Personne n'en parle...il est vrai que, politiquement ce n'est pas très exploitable ! Et comme nos Verts ont, avant tout, des objectifs plus politiques qu'environnementaux ! D'ailleurs pourquoi ne disent-ils rien contre l'Allemagne qui brûle à 80 % du charbon pour remplacer son nucléaire et qui nous achète notre nucléaire...Le climat, ce n'est plus important ?
    D'ailleurs EELV a brillé par son absence à la conférence de Durban,sur le climat, trop occupés qu'ils étaient à négocier des sièges confortables et bien remunérés d'élus, contre des centrales nucléaires !
    Alors que dans les décennies à venir le réchauffement fera plus de dégâts que le Nucléaire !

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